Le renforcement de la résilience nécessite un cadre de mesure efficace
Face à la flambée des prix, au changement climatique et à d'autres facteurs de stress, de l'échelle nationale à l'échelle mondiale, la promotion de la résilience a gagné en popularité dans la communauté du développement comme un moyen de s'assurer que les populations vulnérables à l'insécurité alimentaire et nutritionnelle sont équipées des outils nécessaires pour survivre et même prospérer dans notre monde imprévisible. S'engager dans la gestion des risques plutôt que dans la gestion des crises, améliorer les méthodes et les intrants agricoles pour faire face à la réduction des précipitations, créer des filets de sécurité sociale et améliorer les services publics : tous ces efforts peuvent contribuer à isoler les populations vulnérables contre les conditions défavorables et, en retour, soutenir la croissance économique et le développement dans les pays en développement.
Comment mesure-t-on la résilience, et ce concept relativement nouveau peut-il être évalué à partir des sources de données existantes ? Ces questions ont des implications non seulement pour les chercheurs, mais aussi pour les gouvernements et les organisations qui allouent des fonds à l'évaluation et à la promotion de la résilience. Le réseau d'information sur la sécurité alimentaire (FSIN), une plateforme technique mondiale d'échange et de développement des capacités en matière de mesure et d'analyse de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, a produit des résultats techniques visant à combler ce manque d'information. Par exemple, la publication du groupe de travail technique sur la mesure de la résilience du FSIN, intitulée " Sources de données sur les ménages pour mesurer et comprendre la résilience ", présente certaines des exigences en matière de données nécessaires à l'évaluation et à l'opérationnalisation du concept de résilience ; elle donne également un aperçu des sources de données disponibles et de la mesure dans laquelle les sources de données existantes peuvent être réorientées pour saisir des informations sur la résilience.
Afin d'évaluer la résilience, le groupe de travail de la FSIN recommande des données multidimensionnelles, à haute fréquence et longitudinales, qui permettent l'analyse d'un ensemble de facteurs contextuels et l'intégration d'informations géospatiales. Pour la collecte de données, la réaffectation d'enquêtes existantes est une option, mais elle dépend de la flexibilité de l'enquête. Bien qu'un modèle entièrement normalisé comme l'enquête DHS ne soit pas le meilleur candidat, un certain niveau de normalisation et d'uniformité est nécessaire dans l'intérêt de l'analyse et de la transférabilité. En outre, il est important de garantir l'accès public aux données pour pouvoir appliquer concrètement les enseignements de la recherche sur la résilience.
Du 17 au 19 novembre 2015, la FSIN et la Commission de l'Union africaine (CUA) organisent une consultation technique conjointe intitulée " Analyse de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et de la résilience : Utilisons-nous efficacement les bonnes données?" au Centre de conférences de l'Union africaine à Addis-Abeba. Cet événement donnera le coup d'envoi du processus d'élaboration d'un cadre pour le renforcement des systèmes nationaux d'information sur la sécurité alimentaire et la nutrition et des capacités statistiques nécessaires pour soutenir la prise de décision et le suivi fondés sur des données probantes.
La consultation sera structurée autour de quatre panels thématiques et comprendra des experts techniques et politiques issus de gouvernements, d'universités, du secteur privé, de la Commission de l'Union africaine et d'organisations telles que l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI). La discussion portera sur la disponibilité, l'accès et l'analyse des données concernant la sécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi que la résilience globale. La gouvernance des données et les capacités institutionnelles seront également abordées, et les innovations en matière de production, de collecte et de partage des données seront étudiées afin de déterminer les moyens de combler les lacunes existantes en matière d'information.
Le cadre d'indicateurs et de suivi des ODD étant en cours de définition et d'adoption pour mieux concevoir, suivre et évaluer des politiques efficaces, cette consultation s'inscrit dans le contexte plus large de la préparation de la mise en œuvre des ODD post-2015. La semaine dernière, le Réseau de solutions pour le développement durable (SDSN) des Nations unies a publié une déclaration d'action soulignant le rôle des pays du G20 dans la réalisation des ODD, appelant les dirigeants du G20 à "soutenir et contribuer à des architectures institutionnelles internationales et nationales efficaces pour la poursuite des objectifs". La prise de décision fondée sur des données probantes, favorisée par des réseaux institutionnels ouverts engagés dans le partage de données rigoureusement collectées et encourageant l'utilisation efficace des informations traitées, sera un atout considérable pour accroître la sécurité alimentaire et la résilience.
Pour plus d'informations sur la consultation technique FSIN-AUC, visitez le site web de l'événement.